Les nouvelles technologies, sont-elles une menace (2)

Partie 2: Nouvelles technologies


Des ADAS à la LiDAR
La technologie évolue à un rythme effréné. Xavier Bellens de la Carrosserie Leyn compare l’évolution des systèmes d’aide à la conduite avec l’évolution des smartphones. “D’ici 6 mois, une nouvelle version sera encore plus performante que la précédente. De plus, l’Europe a l’intention d’investir massivement dans les systèmes de sécurité au cours des 5 prochaines années.” Les ADAS (Advanced Driver Assistant Systems – systèmes d’aide à la conduite) sont déjà de série sur la plupart des nouvelles voitures, mais la LiDAR (Light Detection And Ranging – télédétection par laser) comporte un défi majeur. Cette technologie peut déterminer la distance d’un objet par des impulsions laser, même dans de mauvaises conditions (météorologiques), ce qui implique une puissance de calcul considérable et le traitement d’un grand nombre de données. L’étalonnage de ce type d’accessoires technologiques posera sans aucun doute un défi, mais deviendra surtout une compétence indispensable à maîtriser pour les réparateurs. “Les réparateurs individuels indépendants se retrouveront sans doute dépassés par ces innovations. Heureusement, les réparateurs sont plus forts au sein d’un réseau qui non seulement veille aux intérêts commerciaux de ses membres, mais offre également un soutien pour la gestion et des formations. Les avancées technologiques peuvent ainsi devenir un moyen de se différencier, comme l’est déjà la réparation des voitures électriques”, poursuit Xavier Bellens.

Mr. Xavier Bellens et Mme Sophie Leyn, gérants de la carrosserie Leyn

L’arrivée de nouveaux joueurs
Les caméras, les capteurs de stationnement et les voitures à conduite autonome constituent-ils une nouvelle menace pour le réparateur multimarque? C’est la question sur de nombreuses lèvres étant donné que l’étalonnage requiert des connaissances que l’on ne trouve normalement pas dans un atelier de carrosserie. Dans la Carrosserie Beyls, les nouvelles technologies n’inspirent pourtant aucune crainte. En effet, Frederik Beyls estime que le marché lui-même mettra des solutions en avant. “D’un point de vue technologique, il est important de se mettre rapidement à la page. Nous avons choisi très tôt les peintures hydrodiluables. C’était un pari réussi, mais on réagit parfois trop tôt. Tout évolue si vite aujourd’hui qu’il est parfois préférable d’attendre.” “Les changements majeurs font rapidement apparaitre de nouveaux acteurs. Par exemple, certaines entreprises se consacrent déjà à 100 % à l’étalonnage des capteurs d’arrêt automatique ou des régulateurs de vitesse adaptatifs. Sans savoir quelle technologie deviendra la norme, nous choisissons aujourd’hui de travailler avec des spécialistes”, confirme Christof Claes de Markant.

Qui choisira le réparateur à l’avenir?

Augmentation des voitures électriques sous contrat de leasing
En parallèle, la conduite électrique influence, elle aussi, le marché de la réparation. En effet, les automobilistes sont de plus en plus nombreux à privilégier un leasing à l’achat d’un véhicule électrique. Cette tendance se confirme à la Carrosserie Eeckhout, où les voitures électriques représentent déjà une part non négligeable des véhicules réparés, à l’instar de la Carrosserie Beyls. “Nous soupçonnons que les particuliers préfèreront de plus en plus le leasing pour leur voiture électrique” explique Frederik Beyls. “En effet, ceux qui veulent une voiture électrique voient à quelle vitesse la technologie évolue et estiment qu’il est plus sûr de louer. Pour nous, réparateurs, ça signifie un plus grand rôle des réparateurs agréés. Après tout, les sociétés de leasing veulent un point de contact central où, de préférence, elles peuvent faire réparer des véhicules de marques différentes.” “C’est dans l’intérêt des réseaux et, surtout, du réseau ABS qui compte déjà de nombreux réparateurs agréés pour les véhicules électriques”, anticipe Philippe Eeckhout de la carrosserie éponyme voit plus loin. “En fait, nous devons nous demander si nous serons encore propriétaires d’un véhicule à l’avenir. N’allons-nous pas simplement opter pour un système de location, de partage ou d’abonnement? Et qui dit que nous réparerons encore des voitures dans un futur lointain? Ne nous contenterons-nous pas de les remplacer? En tant que groupe, nous devons surveiller ces tendances et les anticiper en temps utile.”

“Les particuliers préfèrent également louer des voitures électriques. Et les sociétés de leasing veulent un point de contact central où, de préférence, plusieurs marques peuvent être réparées. ”
Frederik Beyls, gérant de la Carrosserie Beyls

La stratégie du fabricant automobile
Wout Van Den Abbeele, du bureau d’expertise Vonck, observe une autre tendance susceptible d’influencer les réseaux de réparateurs agréés: “J’ai récemment constaté une évolution chez les constructeurs dans les pays voisins qui pourrait avoir de lourdes conséquences. Ils encouragent de plus en plus les ventes en ligne où le concessionnaire n’intervient pas dans les transactions. Je vois des concessions dont le contrat est par conséquent résilié. En traitant directement avec l’acheteur, les fabricants exercent non seulement plus de contrôle sur les ventes, mais aussi sur les réparations. Au lieu de travailler avec des concessionnaires agréés, ils imposent une certification aux réparateurs, y compris les carrosseries multimarques. Ce qui a commencé avec la réparation de véhicules électriques, comme Tesla et Jaguar, est donc en train de se généraliser à toutes les réparations. Cependant, ce n’est pas forcément une mauvaise chose. Sur un marché difficile, les meilleurs joueurs mènent généralement le jeu. Des réparateurs multimarques bien organisés pourront ainsi travailler directement avec les constructeurs. Et il va sans dire qu’un réseau multimarque comme ABS peut y jouer un rôle.”

“À l’instar de Tesla, au lieu de travailler avec des concessionnaires agréés, les constructeurs imposent une certification aux réparateurs.”
Wout Van Den Abbeele, directeur du Bureau d’expertise Vonck et Eco Repair Score

Aluminium
“Le passage de l’acier à l’aluminium constitue le plus grand changement technologique de ces dernières années”, affirme Philippe Eeckhout. Et il n’est pas le seul. La quasi-totalité des sondés voit dans cette révolution, invisible pour le client, un enjeu majeur. La réparation de l’aluminium a entraîné des changements révolutionnaires et des investissements majeurs dans la formation et l’équipement. Elle nécessite notamment un atelier de réparation séparé, car la poussière est hautement inflammable. Et cela exige le plus niveau de compétence du tôlier, car s’il abîme l’aluminium, il est impossible à réparer. Si la quasi-totalité des voitures possède aujourd’hui de l’aluminium, c’est Audi qui a ouvert la marche. Selon Christof Claes, gérant de la Carrosserie Markant, il n’y a pas que l’aluminium qui compte. “La réparation de l’aluminium ne date pas d’hier. Ça existe depuis plusieurs années déjà. L’Audi A1 se compose d’ailleurs de plus de 8 types de métal différents, si je ne me trompe pas (réfléchit). De nos jours, la réparation d’une voiture exige plusieurs techniques différentes. Cet élément à lui seul fait de nous des spécialistes très pointus. Nos entreprises possèdent le savoir-faire pour réparer les dommages au lieu de remplacer les pièces. C’est un atout majeur aujourd’hui. Par contre, il faut éviter qu’une voiture reste immobilisée longtemps inutilement, par exemple à cause d’une caméra endommagée qui n’est pas en stock. Nous devons donc toujours nous informer à l’avance. L’époque où vous pouviez simplement ‘recevoir’ une voiture est révolue.” Selon tous les experts interrogés, les nouvelles technologies représentent un défi qui offre également de nombreuses possibilités pour les meilleurs réparateurs multimarques. Avec leur savoir-faire pointu, ils se distinguent et ne cessent de gagner du terrain.

Mr. Christof Claes, gérant de la carrosserie Markant.

“Nos entreprises possèdent le savoir-faire pour réparer les dommages au lieu de remplacer les pièces. C’est un atout majeur aujourd’hui.”
Christof Claes, gérant de la carrosserie Markant.

La réalité augmentée, une technologie au service de la formation
Les lunettes de réalité augmentée ont tout l’air d’être un gadget, mais elles pourraient bien entrer sur le marché de la réparation automobile plus tôt que prévu. Quiconque s’est déjà glissé dans une formation sur les pulvérisateurs sait que chez Sikkens, les techniques de peinture par pulvérisation peuvent être enseignées à l’aide de lunettes RV. Dans son centre de formation où il apparaît rapidement qui a du potentiel et qui n’en a pas, la formation virtuelle a ses avantages. Elle fait tomber les barrières et rend la formation bien plus attrayante pour de nombreux jeunes. “Mais cette déferlante numérique n’a pas que des conséquences positives”, remarque Inge Desmedt de De Smet Carrosserie. “Sans surprise, les prix des réparations augmentent. Les investissements s’enchaînent et chacun d’entre eux s’accompagne de nouvelles formations. Nous avons la chance d’avoir des équipes très motivées et compétentes. Elles voient plutôt ça comme un défi à relever que comme une menace.”

dgàd. Inge Desmedt, Jill Desmedt, Myriam De Smet, Etienne Desmedt et Sofie Desmedt, gérants de De Smet Carrosserie.

“Le secteur de la réparation applique déjà la RA et la RV. Chez Sikkens, par exemple, la technique de pulvérisation est enseignée à l’aide de lunettes RV.”
Inge Desmedt, cogérante de De Smet Carrosserie.



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